Une fois que l'ensemble du bar se fut précipité sur le comptoir et eut bu tout ce que le Barmen avait en réserve, forçant ce dernier a descendre chercher dans la cave de quoi finir la journée, l'étranger, qui n'avait pas bougé d'un pouce regarda une nouvelle fois la pièce. La sérénité habituel qui avait été troublé par son arrivé était enfin de retour, et les parties de cartes battaient leur plein. Sur le sol, une serveuse (a mi-temps...) s'efforçait de ramasser quelques morceaux de verre et résistait vaillamment aux assaut répétés d'un homme complètement ivre qui tentait de lui toucher diverses parties d'une anatomie fort agréables a regarder.
" Laisse tomber Jeffrey, tu paye pas: t'auras rien de moi" fit la serveuse en retournant une tarte au dénommé Jeffrey alors que ce dernier tentait de lui arracher son chemisier.
" Traînée!" répondit le dit Jeffrey en bégayant, ivre de Whisky. "Je vais t'y faire voire moi ce que c'est"
Jeffrey se jeta alors sur la serveuse, entraînant avec lui une table, une bouteille, un jeu de cartes et quatre joueurs munis de leur armes.
L'étranger jugea qu'il était temps de réagir, et saisissant sa carabine sur le comptoir il tira un coup de feu en l'air, faisant tomber sur le client a coté de lui le plâtre du plafond et un lustre en verre d'une bonne vingtaine de kilos. Mais le coup de feu eut l'effet escompté, faisant déguerpir les joueurs renversés par Jeffrey dans sa course lubrique. Jeffrey, lui, était très occupé a maintenir la serveuse a terre, ce qui était rendue difficile par les multiples coups de poings dont elle gratifiait l'alcoolique. De son autre main, il tentait vainement de faire descendre sa braguette, mais il se rendit assez vite compte qu'il ouvrait en fait sa poche de veste. Tout le monde peut se tromper. A plus forte raison quant on est ivre.
Visant avec soin, l'étranger tira un seul coup de feu qui fit voler le chapeau de Jeffrey.
"Qu'est qui sait qui vient de tirer?!" clama ce dernier en se relevant vivement, mais avec une certaine hésitation. "Qui c'est que je lui règle son comté...son comp... Gna! son compte!" bafouilla t'il en posant la main sur une table.
"C'est moi" répondit l'étranger d'une voie rauque, virile et grave. ’’ lâche la fille, ou je te remplis de plomb."
Se croyant plus vifs que l'éclair, Jeffrey fit un mouvement pour sortir son arme, mais l'étranger état déjà a sa portée et lui collait un bon "gauche, droite" de derrière les fagots, réduisant Jeffrey a l'état de légume. Les acclamations nourris de l'assemblée lui firent le plus grand bien, et il commençait a se dire qua ce séjour parmi la civilisation allait s'avérer très agréable. Toutefois, l'étranger se rendit compte qu'il s'était coupé les jointures en frappant Jeffrey, la veste de ce dernier était couverte de bris de verres qui provenaient du sol.
Voyant cela, la jeune serveuse s'exclama:
"Mince, ça pisse le sang, vous être en train de dégeulasser le parquet!"
"Scuser moi, Mamzelle!" fit l'étranger
"suivez moi" finit par dire la serveuse, "je vais vous mettre un pansement la dessus."
Se laissant conduire par la serveuse, l'étranger, monta a sa suite l'escalier de bois qui conduisait a l'étage supérieur, constatant par la même occasion que sa physionomie s'avérait effectivement très agréables. Il tenta d'éviter les vêtements qui trainaient sur les marches, tant pour garder ses bottes propres -enfin… on s‘est compris!- que pour ne pas glisser.
Une fois a l'étage, la serveuse le fit entrer dans une chambre assez vaste qui comportait une salle de bain, un bon lit et une table usé couvert par un velours de jeu vert. Contrairement au reste du Bar, la pièce était propre et le seul vice que l'Etranger put y discerner était la bonne odeur de parfum qui y régnait.
Prenant l'Etranger par la main, la serveuse le conduisit dans la salle de bain, et après avoir fouillé rapidement dans un placard frappé d'une croix rouge dont elle retira deux boîtes de cassoulet "extra", une bouteille de bière et trois saucisson -bref, des produits de premier secours- elle posa sur la main de l'étranger un chiffon propre avec lequel elle entrepris d'éponger le sang. Une fois ce travail accompli elle déboucha avec les dents une bouteille de vodkas dont elle aspergea la main meurtrie de l'étranger.
"Comment vous appelez vous?" demanda t'elle a l'étranger.
"Yuri" répondit t'il. "Et vous?"
"Fannie"
Alors qu'elle finissait de couvrir la main de Yuri d'un bandage, Fannie prit la parole: "Je suppose que je dois vous remercier?"
"Si je me souvient bien," répondit Yuri, "Ca fait effectivement partie des choses qui se font."
"Alors Merci, mais compter pas avoir quoi que ce soit de plus."
"Même en payant?"
"Même en payant."
"Je peut me servir de votre salle de bain?"
"Pour?"
"Me laver et me raser."
"mmmh, d'accord."
Yuri regarda Fannie dans les yeux et dit: "Et puis si vous étiez sympa, vous iriez m'acheter des vêtements... je vous file une pépite de cristal et vous gardez la monnaie."
Alléchée par la proposition Fannie saisit la pépite et sortie. Yuri en profita pour se laver avec de l'eau chaude -ce qu'il n'avait pas fait depuis...euh, la couche de grasse fait un deux millimètres, donc a peu près trois mois pour un lavage simple a l'eau froide. Six pour l'eau chaude et le savon.- et raser sa barbe qui faisait des nœuds avec... ouais bon ça va.
Quand Fannie arriva, il enfila très vite ses nouveaux vêtements, et il faut bien avouer que par rapport a l'ours puant qui était rentré dans le bar une petite heure avant, le changement était radicale (et du point de vue de Fannie, par forcément déplaisant). Yuri avait les cheveux châtains et des yeux très vifs fixé sur un visage assez maigre.
Bon, maintenant, fit Fannie, vous dégagez!
Je peut vous demander encore quelque chose, s’il vous plait? Interrogea Yuri en s’armant de son sourire le plus charmeur.
Essayez toujours.
Vous voulez pas faire un petit poker avec moi?
Pourquoi je ferais ça?
Ca fait six mois… non, sept que j’ai pas joué. Si je descend, je vais me faire plumer.
Fannie regarda Yuri qui souriait toujours (ce qui n’était pas désagréable de son point de vue, surtout qu’il avait une bouche visiblement très propre.)
Et qu’Est-ce qu’on joue? Des pépites?
Ah non, je préférerais les garder pour jouer en bas.
Fannie le regarda encore et, pensant que Yuri devait a peine savoir comment jouer après six, sept mois en pleine forêt (les ours polaires ne jouent pas au carte, juste au Curling avec la tête des trappeurs) elle finit par lâcher:
Ok, strip poker alors.